Quel hébergement web, pour quel besoin et à quel coût ?

Plus les années passent, plus les coûts baissent et plus la gamme augmente. Cette règle fondamentale de l’évolution technologique marche aussi bien pour les machines à laver, les voitures, les micro-ondes que pour l’hébergement web. Le problème, c’est qu’avec la réduction des coûts de production et d’exploitation, couplés à la demande croissante des besoins et des fonctionnalités toujours plus nombreuses, le quidam de base est complètement perdu. Aujourd’hui, la gamme en hébergement web est massive et hautement concurrentielle. Le commun des mortels finit par botter en touche. Par défaut, il s’oriente sur ce qu’il y a de moins cher, alors même que ce n’est pas forcément ce dont il a besoin.

Qu’est-ce qu’un hébergement web ?

Un hébergement web est un espace de stockage qui n’est pas nécessairement dévolu à la mise en ligne d’un site web. Vous pouvez y ajouter du contenu de n’importe quelle nature en fonction de l’espace qui vous a été alloué (textes, images, musiques, vidéos, documents divers). Cet espace est directement géré par un hébergeur web dont le but est, entre autres, de partitionner ou louer ses serveurs au plus grand nombre de clients et de maintenir l’outil 24h/24. Pour ce faire, vous payez non seulement le coût d’utilisation de l’espace disque, mais aussi tout un système de maintenances et de services (sauvegardes, accès à distance, débits, bande passante, etc.).

Les hébergeurs gratuits

Commençons par définir ce que l’on appelle « gratuit ». Gratuit veut effectivement dire que vous ne payerez rien directement pour ce service, pour autant, ces hébergeurs ne vivent pas d’amour et d’eau fraîche. Alors où est l’astuce ? Dans le cas de Free par exemple, les coûts d’hébergement sont devenus tellement ridicules qu’ils s’y retrouvent dans le prix de votre abonnement mensuel (Internet, téléphone, télévision). Quant aux autres – pas tous, fort heureusement, ils déploient un système de publicités, quand ce n’est pas une collecte massive de données pour des comptes clients, que vous ne pouvez ni contrôler, ni empêcher.

Cependant, pour celles et ceux qui n’ont pas besoin de services professionnels ou d’un espace de stockage important, ces hébergeurs gratuits répondent à une demande somme toute modeste mais véritable. Pour héberger des documents sans grande valeur, pour échanger des informations, des textes ou faire un petit site web sans prétention, ils peuvent être une solution temporaire.

Les hébergeurs payants

D’entrée de jeu, il convient de distinguer deux types d’hébergeurs payants :
Mention importante : payant ne veut pas nécessairement dire professionnel.

Les hébergeurs “directs” : ils possèdent leurs propres infrastructures (ou datacenters pour centre de données) et ils ont donc la mainmise sur les serveurs. Ils peuvent dépêcher leur personnel et gérer les problèmes en un temps record. Ils ont accès, du début à la fin, aux procédures et aux protocoles et sont en mesure de répondre à toutes les exigences et impondérables.

Les hébergeurs “revendeurs” : ils sous-louent à leurs clients. Pour cela, ils louent directement des serveurs aux hébergeurs directs. S’ils possèdent les leurs, ils louent des emplacements au sein des datacenters pour en exploiter les capacités. Ils n’ont pas forcément accès à l’infrastructure, ni à l’entièreté des procédures. Quant à leur personnel, il est souvent cantonné à de l’administration système.

Dits comme ça, on pourrait croire que le revendeur est une sangsue qui n’a pas lieu d’être. En effet, pourquoi ajouter un maillon dans une chaîne qui semble déjà assez complexe comme ça ? Oui, mais non. Pour schématiser, voyez l’hébergeur direct comme les bureaux principaux d’une banque à Paris et les hébergeurs indirects comme les agences de villes. Il est bien évident qu’avec un petit portefeuille, vous n’aurez pas un impact suffisant pour que votre voix puisse peser à la maison mère. Même si cela ne les empêche pas de vous proposer des offres, qui seront moins personnalisées étant entendu qu’ils visent une audience large et hétéroclite.

En revanche, si votre besoin, fut-il modeste, est confié à des revendeurs, ils seront mieux à même de personnaliser leurs services pour vous. De plus, par leur portefeuille client, ils peuvent avoir des prix voire des offres dont vous n’auriez pas eu accès tout seul. À noter que le choix d’un hébergeur direct ou d’un revendeur n’a d’importance que si vous savez précisément ce dont vous avez besoin. Il convient donc, après avoir posé les bases, d’entrer maintenant dans le vif du sujet, à savoir : quoi, à quel prix et pour quoi faire ?

Les différents types d’hébergement web

Les hébergements ci-dessous sont ordonnés selon deux critères.

  • Par la difficulté de mise en oeuvre : de la plus simple (en haut) à la plus complexe (en bas)
  • Par le coût de déploiement, d’exploitation ou de production : du moins cher (en haut) au plus cher (en bas)

L’hébergement mutualisé

L’hébergement mutualisé, c’est le b.a.-ba. Très peu cher, il est amplement suffisant pour se lancer. En règle générale, c’est par ce type d’offre que l’on commence à mettre un pied dans la création de sites web. Voire dans l’utilisation d’un espace de stockage sans trop de prétention. Le mutualisé s’adresse à une clientèle novice, il est très simple à utiliser : vous louez un emplacement, affilié ou non à un nom de domaine. Muni d’un logiciel FTP (pour File Transfer Protocol ou protocole de transfert de fichier), vous transférez vos fichiers sur le serveur cible et les données envoyées apparaissent directement en ligne.

Ce type d’offre est accompagné d’une gamme de services assez généraux. Selon le prestataire, vous disposerez d’un espace de stockage plus ou moins grand, de sauvegardes, d’une bande passante limitée ou illimitée, d’un nombre de boîte e-mails variable et de services d’installation de modules (forum, blog, etc.). Bref, tout le nécessaire pour vous lancer paisiblement dans le web sans avoir à mettre les mains dans le cambouis.

Attention : soyez attentif à ce que propose chaque offre. Ne vous ruez pas sur la moins chère, certaines ont plus d’espace disque, de puissance, de bande passante, des débits différents, voire incluent un nom de domaine ou des services de sauvegardes et d’obligations de disponibilité en cas de panne. Cette liste et les suivantes vous sont proposées à titre indicatif. Elles ne présentent pas tous les prestataires, les prix ne présagent en rien de la qualité, ni des fonctionnalités et ils sont sujets à changements.

L’hébergement cloud

L’hébergement cloud (diminutif de cloud computing pour informatique en nuage) part d’un principe simple : vous fournir uniquement ce dont vous avez besoin. Fini les espaces de stockage fixes, vos données sont partagées sur plusieurs serveurs en France ou dans le monde entier. Les avantages sont nombreux : d’abord, le risque de perdre vos données est faible. Ensuite, l’espace est infini : si demain, vous souhaitez changer d’offre et augmenter ou, à l’inverse, abaisser vos capacités, aucun problème ! Même chose pour la puissance. En deux temps trois mouvements, c’est opérationnel. Dernier avantage et non des moindres, le cloud étant par définition virtualisé, vous pouvez choisir votre configuration (système d’exploitation, types d’applications, etc.).

Sinon similaire en tout point à l’hébergement mutualisé, l’hébergement cloud diffère cependant sur quelques éléments clés. D’abord, ce type d’hébergement peut rebuter des personnes qui aiment savoir où sont leurs données et par où elles transitent. Avec le cloud, vous acceptez de les confier à autrui et elles voyageront, sans même que vous le sachiez, un peu partout sur le globe. Cela pose un problème de confidentialité. Ensuite, bien que pour des prestations similaires le cloud soit plus cher que le mutualisé, il permet de consommer au plus juste. Le cloud est la solution idéale pour ceux dont les besoins changent périodiquement. Cette flexibilité, inhérente à l’offre, a un coût qui est loin d’être neutre.

Le serveur privé virtuel

Avec le serveur privé virtuel (ou VPS, pour Virtual Private Server), vous entrez dans un monde plus complexe mais aux possibilités plus grandes. Le VPS est un serveur partitionné où chaque espace alloué agit de manière indépendante car virtualisé. Dit autrement, c’est comme si vous disposiez d’un serveur, avec les mêmes avantages et contraintes, sans avoir à en subir le plein tarif. Chaque client peut installer le système d’exploitation de son choix, y ajouter des modules, bidouiller les configurations e-mails, Apache, PHP, etc.

Pour les personnes ayant recours à des fonctionnalités avancées, ou qui ont des besoins plus grands en matière de stockage, de charge voire de bande passante, le VPS est une excellente solution avant d’effectuer le grand saut vers l’indépendance totale. En revanche, il vous faudra apprendre les rudiments en matière d’administration système. À ce stade, l’utilisation d’interface graphique est encore possible mais déconseillée. Et cela, pour deux raisons : la première, c’est qu’il est temps d’apprendre ! Si vous en êtes arrivé au point d’avoir besoin d’un VPS, c’est que le serveur dédié est l’étape suivante. C’est le moment de se mettre à Putty (pour Windows) et plus globalement à la ligne de commandes. Ensuite, car les administrations graphiques n’existent pas pour toutes les applications et ne permettent pas de tout faire.

Le serveur dédié personnel

Avec le déploiement de la fibre optique, il devient de moins en moins absurde d’utiliser son ordinateur ou son serveur à domicile pour s’auto-héberger. Outre le prix du matériel (qui peut être proche de zéro si vous utilisez de l’équipement trouvé à droite et à gauche), il vous faudra beaucoup d’huile de coude et de sacrées connaissances dans des domaines variés de l’administration système. Cela peut être un bon moyen pour se faire la main, mais ce n’est pas à la portée de tout le monde ! Ensuite, le coût d’exploitation d’une telle installation n’est pas neutre, il faudra pour cela ajouter des systèmes de sauvegarde (qui ne doivent pas être à votre domicile, car s’il prend feu, comment ferez-vous ?). Vous devrez aussi chiffrer le prix électrique de ce dispositif branché en permanence, sans parler de la nuisance sonore, de la ventilation, etc.

Le serveur dédié personnel est très utile pour une utilisation justement personnelle et non professionnelle. Encore une fois, avec la démocratisation de la fibre, le problème n’est plus lié au débit. Mais les contraintes sont encore trop nombreuses pour une exploitation pérenne, comprendre en continu 24/7. Qui plus est si votre site génère beaucoup de trafic. Pour un espace de stockage restreint, c’est une solution parfaitement viable. Pour une utilisation en milieu professionnel, n’y pensez même pas.

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Le serveur dédié

Ça y est, vous souhaitez nager dans le grand bassin ? Le serveur dédié vous tend les bras, vous promet monts et merveilles ? C’est le cas de le dire. Vous aurez une liberté totale. La liberté de faire ce que vous voulez, quand vous le voulez, dans la limite de ses capacités et de son architecture. Il s’agit de l’étape ultime, il n’existe pas de gamme au-dessus du serveur dédié, si ce n’est d’en avoir plusieurs et de créer une grappe de serveurs (ou cluster). Les possibilités dépendant encore une fois de l’offre souscrite, les superlatifs ne sont pas désuets : une capacité de charge très importante, une bande passante énorme, un espace de stockage immense (allant de plusieurs centaines de Go à plusieurs dizaines de To de données). Des systèmes de sauvegarde redondants et de la répartition de données (ou RAID pour Redundant Array of Independent Disks) pour plus de sécurité, de performances et de tolérance à la panne.

Si, de nos jours, la gestion d’un serveur dédié est de plus en plus facile de par la documentation disponible sur le web, il faudra néanmoins s’armer de patience. L’apprentissage est long et semé d’embûches, mais il est très gratifiant. Pour ceux qui n’ont ni le temps, ni l’envie de s’y mettre, rien ne vous empêche de confier l’administration système à un prestataire extérieur, par exemple les hébergeurs “revendeurs”. En effet, il est assez rare que les hébergeurs directs acceptent ce genre de tâche, préférant s’élever à la gestion de systèmes bien plus globaux comme la répartition des charges (ou load balancing) et débits sur tous les clusters, de la surveillance du réseau (ou monitoring), du transit de données, de l’alimentation électrique, etc.

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Conclusion

Comme nous venons de le voir, l’hébergement est un domaine plutôt vaste. Du mutualisé au serveur dédié, il y a un monde que beaucoup ne franchiront peut-être jamais. Un monde d’abord en terme de coût. De performances ensuite. De connaissances enfin. À cela s’ajoute les prestataires comme Dropbox et Google Drive qui sont d’excellentes solutions pour stocker et partager quelques fichiers éparses. Cet article n’en parle pas, car dans leur fondement même, ce ne sont pas des hébergeurs à proprement parlé.

Pour terminer, j’espère avoir répondu à vos interrogations sur le sujet. J’espère aussi que cet article vous aura permis de vous retrouver dans cette jungle des gammes, des prix et des concurrents. Un dernier conseil : rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Prenez votre temps, analysez la situation et projetez-vous. Changer d’infrastructure est un processus lourd, complexe et coûteux, qu’il vaut mieux éviter au maximum. N’hésitez pas à prendre une solution d’hébergement légèrement au-dessus de vos besoins actuels. Administrer, c’est prévoir !

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